POUR LES PARENTS AYANT UN TROUBLE PSYCHIQUE
La maladie mentale, comme toute maladie, bouscule l’équilibre familial. Mais plus qu’une maladie somatique, elle peut mettre en tension les relations dans la famille. Car, tout en étant en lien, les membres de la famille peuvent avoir l’impression, suivant l’intensité des troubles, de ne pas partager le même monde. Cette expérience est déroutante pour tous.
Il ne s’agit pas ici d’imposer un modèle mais de vous encourager à aborder les défis éducatifs particuliers qui se posent quand on élève un(des) enfant(s) en ayant une difficulté de santé mentale ou quand on partage l’éducation avec un parent qui a une difficulté de santé mentale.
Voici deux repères pour vous aider à vous
situer par rapport à ce sujet :
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Mes enfants ont connu depuis leur naissance la situation de maladie
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La maladie a surgi au cours de leur développement et a fait effraction dans la vie de la famille.
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J’ai accepté cette difficulté de santé et j’ai un suivi médical
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Je n’ai pas encore accepté cette difficulté de santé et je n’ai pas de suivi médical
LES FREINS A DEMANDER DE L'AIDE
De nombreux parents élèvent leur(s) enfant(s) en ayant une difficulté de santé mentale, en recoupant des données internationales, on peut estimer que dans nos pays 1/3 des personnes suivies en psychiatrie sont parents d’un enfant mineur. Pourtant, même si cette situation n'est pas rare, « il existe un vécu discriminatoire de la parentalité en particulier lors des décisions au sujet des gardes d’enfant où l’accent est mis sur le diagnostic plutôt que sur les compétences parentales » Marc Boily
"Demander de l’aide pour exercer son rôle parental ne devrait pas être considéré comme un signe de faiblesse mais comme une preuve de responsabilité"
LES DEFIS EDUCATIFS
Sans simplifier ni dramatiser, il est important de nommer les défis éducatifs particuliers que l’on peut rencontrer en tant que parent aux prises avec un trouble psychique. Ils ne se poseront pas à tous de la même façon. Ils dépendent notamment du stade de l’évolution de la maladie mais aussi de l’étape de développement de son enfant. Ils dépendent aussi de votre réponse aux deux questions que nous avons posées plus haut.
"Aider les parents à se délivrer des secrets et des mensonges qui les enferment, à oser nommer leurs souffrances, à relever la tête et à éviter la honte"
Céline Lamy
Cette présentation a pour but de vous aider à prendre conscience des aspects qui peuvent être compliqués pour vous actuellement mais aussi des aspects pour lesquels vous vous sentez plus à l’aise. Les membres d'Etincelles & C° développent des espaces de soutien où vous pouvez aborder, en sécurité, les défis qui se posent à vous.
PAROLES DE PARENTS
LES 12 EVIDENCES DE CELINE LAMY
Céline Lamy est pédopsychiatre, elle a connu la souffrance psychique et la dépression sévère.
Par son livre, elle souhaite « aider les parents à se délivrer des secrets et des mensonges qui les enferment, à oser nommer leurs souffrances, à relever la tête et à éviter la honte (…). Si c’était à refaire, si je pouvais revenir en arrière, je m’assiérais sur le tapis du salon, avec nos petits et mon conjoint, en cercle, et je leur expliquerais tout doucement, tranquillement. Je donnerais un nom à cet inconnu qui bouleversait la maison. Je le nommerais, je le ferais exister vraiment, autrement que caché et honteux. »
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Votre enfant sait toujours quand quelque chose ne va pas.
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Puisque votre enfant sait que quelque chose ne va pas, et puisque vous le laissez à l’écart de cette « chose », il va tirer ses conclusions lui-même.
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Le silence est synonyme d’isolement, de mise à l’écart, de solitude (la vôtre et celle de vos proches) et non de protection.
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Sortir du mensonge et de la dissimulation, oser l’authenticité fera de vous une référence fiable.
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Nommer la maladie, l’ennemi, c’est se permettre de décider des stratégies d’équipe, de famille, pour lutter !
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Il est primordial de proscrire les explications à l’emporte-pièce dans un contexte d’urgence ou de crise.
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Vous êtes et resterez toujours son parent. Le parent idéal, colle l’enfant idéal, n’éxiste pas ! Vous êtes la même personne que vous étiez avant que votre enfant sache que vous aviez une maladie mentale.
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Les idées suicidaires peuvent être un symptôme de la maladie. C’est de cette façon qu’on peut les évoquer avec les plus grand.
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Exprimer une émotion vous rend tout simplement humain et donne l’exemple à votre enfant.
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Anticiper, c’est permettre de dire en toute sérénité. Mais choisir le bon moment est important.
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Il n’y a aucun modèle, aucun schéma idéal, pas une meilleure façon de dire qu’une autre, mais une chose est sûre : cela doit venir de vous, parents, et pas d’un tiers inconnu.
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« La vérité … avec des mots gentils »

Lamy, C. (2018). Il pleut à la maison. Éditions de Mortagne. (Extraits)